L’exposition aborde ce genre dit « mineur » de la peinture par l’angle de la création, dans une élégante scénographie d’artiste signée Laurent Pernot.
Lens (Pas-de-Calais). Dans un vaste espace obscur, la musique entêtante de Philip Glass accueille les visiteurs en préambule à l’exposition « Paysage. Fenêtre sur la nature » présentée au Louvre-Lens. Sur six écrans suspendus dans le vide, des extraits de films montrent une nature bouillonnante, furieuse, ou vertigineusement immense. Pour s’extraire de cette contemplation, il faut passer sous une arche qui mène dans une petite rotonde d’un jaune puissant. Dans cet espace confiné, rassurant, quelques artefacts relatent la Création du monde : une tablette mésopotamienne, un papyrus égyptien, ou une plaque de verre imprimée pour lanterne magique du XIXe siècle. Le visiteur est fin prêt pour sortir à l’air libre, en pleine nature : derrière, c’est la forêt qui l’attend.
Une vulgarisation informée
“Conçu par l’artiste Laurent Pernot, en collaboration avec Mathis Boucher, scénographe maison du Louvre-Lens, le parcours met en scène un discours centré sur la création du paysage, qui vulgarise sans simplification excessive. Un équilibre qui n’a pas toujours été trouvé lors des expositions passées, mais qui est ici parfaitement efficient. Son commissaire, Vincent Pomarède, songeait à cette exposition dès l’ouverture de l’antenne nordiste du Louvre, où la démocratisation culturelle et l’ouverture vers les publics dits « empêchés » sont une priorité. ”
En faisant appel à l’artiste formé au Fresnoy-Studio national des arts contemporains (Tourcoing), le Louvre-Lens a trouvé la bonne idée pour animer un sujet qui, sur le papier, peut manquer de relief. « J’envisage les musées comme des cimetières, énonce d’ailleurs sans détour Laurent Pernot. En même temps, c’est important de leur apporter de la vie. » Pour ce faire, le parcours imaginé par le plasticien veut mobiliser les sens : des pistes sonores, bruitages d’ambiances, variations lumineuses et même des vibrations rythment la visite. « Finalement, c’est assez imperceptible, comme lorsqu’on se balade dans la nature », explique l’artiste, qui pense également au public régional revenant voir les expositions à plusieurs reprises : d’une visite à l’autre, l’expérience pourra être tout à fait différente. « On peut visiter cette exposition de multiples manières, s’y perdre comme dans la nature, ou la parcourir comme un visiteur “fourmi” », renchérit Vincent Pomarède.
Une scénographie en forme de promenade
e propos bien charpenté semble de prime abord en contradiction avec les désirs de grands espaces de Laurent Pernot. « Je voulais une exposition totalement ouverte, et les commissaires avaient un propos structuré », résume l’artiste. Mais le résultat final offre une scénographie en parfaite symbiose avec son sujet : c’est que le plasticien l’a conçue comme un paysage. Les cimaises déploient toutes les typologies du genre, depuis la grande perspective menant à un soleil couchant monumental fait de feuilles dorées jusqu’à la forêt romantique. Outre les interventions sonores, des talus rocheux ou d’élégantes formes sinueuses font du parcours une véritable promenade.
Paysage. Fenêtre sur la nature, jusqu’au 24 juillet, Louvre-Lens, 99, rue Paul-Bert, 62300 Lens.
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