Mers, ciels, terres, lumières et ténèbres habitent la peinture de paysage au Louvre-Lens, jusqu’au 24 juillet 2023. Une plongée dans la conception picturale et spirituelle d’un art qui traverse les âges de la Renaissance à nos jours.
Lorsqu’il crée un paysage, l’artiste d’hier comme celui d’aujourd’hui plonge aux origines du monde, à ses mythes, ses croyances, ses symboles, son histoire. Mais, en en saisissant la beauté, n’en est-il que le traducteur ou fait-il lui-même œuvre de création, tel un tout-puissant démiurge ordonnant ses ornements – arbres, rochers, lacs ou montagnes ?
C’est, au fil de 190 œuvres réunies au Louvre-Lens, la question qui sous-tend cette "fabrique du paysage" née à l’air libre ou dans l’atelier du peintre depuis qu’un œil s’est aventuré à embrasser l’immensité de la nature pour la célébrer, l’interroger et y sonder les mystères de la vie.
Réinventer le jardin d’Eden
Au cœur des anciens terrils du Nord, où le musée a été bâti, s’instaure le lien physique et émotionnel que les artistes construisent avec la nature, de Nicolas Poussin à Jean-Honoré Fragonard, de Canaletto à Katsushika Hokusai, de Camille Corot à Joan Mitchell. Enveloppée d’une lumière évolutive rappelant la course du jour, bercée de citations musicales de Philip Glass, cette découverte scénographiée par le plasticien Laurent Pernot embrasse les grands récits de l’humanité, de la cosmogonie égyptienne aux évocations bibliques du paradis terrestre et de l’arche de Noé. Ici se conjuguent plusieurs approches de la nature, de sa représentation et des sens symboliques qu’on lui donne. Le motif travaillé isolément avant toute composition (Étude de troncs d’arbres, d’Alexandre-François Desportes) est mis en regard de paysages complexes où ciel et eau constituent d’impalpables éléments, que les peintres, tel Monet, s’évertuent à étudier, disséquer, épouser.
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